Educateur sportif
"Mon objectif est d’aider les patients à retrouver une autonomie générale"
Après 10 ans d’activité dans un centre de réadaptation fonctionnelle, Stéphane Duleba a été recruté en mars 2022 à Metz en tant qu’enseignant en activité physique adaptée (APA) par l’Association Saint-André (ASA), structure privée à but non lucratif, membre du réseau ReinOmed.
« J’ai été embauché pour faire pratiquer une activité physique aux patients dialysés, explique l’éducateur sportif de 34 ans. Mon but est de les engager le plus possible dans le renforcement, la coordination et de leur faire prendre conscience de leurs dispositions physiques afin de les aider à récupérer certaines capacités perdues. » Pour les autres patients en pré-suppléance, un réseau géré par l’ARS Grand Est, Prescri’mouv, a été mis en place pour les orienter dans leur pratique d’activité physique.
Grâce à une feuille interne que les médecins lui transmettent, l’éducateur sait si le patient dialysé est pris en charge par une association sportive. Si ce n’est pas le cas, il peut disposer de huit séances gratuites au démarrage pour se lancer dans une APA.
Les patients sont-ils tous prêts à faire cet effort physique alors que leur maladie est déjà éprouvante ? « Pour une majorité, il faut discuter, argumenter, démontrer leur intérêt à pratiquer une activité physique adaptée. Je leur explique à chaque fois que l’APA peut leur apporter un plus et qu’elle n’est pas une contrainte. D’autres s’en rendent compte spontanément et acceptent facilement de se lancer. » Avant d’entamer l’APA, l’éducateur réalise auprès des patients dialysés qui le souhaitent un bilan de capacité physique qui porte sur le renforcement musculaire des membres supérieurs, la coordination des membres supérieurs et inférieurs, l’endurance des membres inférieurs, et le travail cognitif de mémoire.
Et aujourd’hui, l’APA à l’ASA, ça roule. « Entre 20 et 25 personnes pédalent au quotidien en position semi-allongée, le plus souvent avec un pédalier clipsé au lit », explique Stéphane Duleba (voir photo). Les séances durent en moyenne 20 à 30 minutes. L’éducateur sportif a repéré les gens moteurs pour motiver les hésitants. « Certains patients, ont eu envie d’entamer une APA après en avoir vu d’autres en action. J’ai eu récemment l’exemple d’une jeune femme, qui voyant les autres pratiquer, a décidé de se lancer et maintenant, elle apprécie. »
Une salle de sport doit bientôt ouvrir qui permettra de proposer aux personnes dialysées d’autres activités physiques (gymnastique douce, yoga, renforcement musculaire, ergocycles, steppers, tapis de marche, jeux de ballons…) « Notre objectif est d’aider les patients à retrouver une autonomie générale dans les activités de la vie quotidienne, de pouvoir monter des marches ou éviter d’être essoufflé au bout de 100 mètres, explique Stéphane Duleba. D’autres patients recherchent, eux, le bien-être. »
A ceux qui en douteraient, la littérature scientifique est formelle : « Depuis une dizaine d’années, des articles montrent les bienfaits de l’APA sur les patients dialysés. » Stéphane Duleba s’emploie donc, tout en restant dans une démarche bienveillante et empathique, à motiver la démarche de l’activité physique. « J’essaie d’instaurer un climat de confiance avec le patient pour leur montrer que l’on peut faire autre chose que rester allongé sans rien faire pendant la dialyse. » Cela fonctionne plutôt bien. Environ un tiers des 150 personnes dialysées à l’ASA pratiquent une activité physique.