Néphrologue

Pr Philippe ZAOUI, Néphrologue, Président de l’AGDUC

"Nous faisons en sorte que les patients soient acteurs de leurs soins "

AGDUC - Grenoble

Son premier contact avec la médecine, il l’a connu à 8 ans quand il a été opéré d’une cardiopathie. Plus tard, dans ses études de médecine, il a hésité entre l’endocrinologie, l’hématologie mais c’est finalement pour la néphrologie qu’il a eu le coup de cœur. « J’étais attiré par les spécialités gérant des pathologies chroniques et nécessitant un parcours, se souvient le Pr Philippe Zaoui, 65 ans. J’aime travailler avec les patients et des équipes professionnelles sur des projets au long cours. Imaginez, il y a des patients avec qui j’ai passé 25 ans ! »

Médecin hospitalier depuis la fin des années 1980, professeur de néphrologie à Grenoble, le Pr Philippe Zaoui préside depuis 2004 le conseil d’administration de l’AGDUC. Association créée en 1974, membre du réseau Reinomed, sous le statut d’Espic à but non lucratif, l’AGDUC dont le siège est à Grenoble prend en charge un millier de patients souffrant d’insuffisance rénale dans l’un des 17 centres fonctionnels en Isère, dans la Drôme, l’Ardèche, la Savoie et les Hautes-Alpes. Une structure à laquelle il se dévoue entièrement : « Nous faisons tout pour engager une prise en charge précoce et pour orienter le patient vers la greffe de rein ou pour la dialyse à domicile quand c’est possible. L’objectif est d’offrir la plus grande qualité de vie aux patients insuffisants rénaux. Notre intervention est très médicale mais aussi médico-sociale », explique le Pr Zaoui.

La néphrologie est en effet un métier dont l’approche a beaucoup évolué ces dernières années. « Etre néphrologue, ce n’est pas seulement soigner l’insuffisance rénale chronique, c’est aussi être confronté à la question de la fin de vie, la difficulté de la gestion de la maladie à domicile », poursuit Philippe Zaoui. Les patients démarrent leur traitement vers 70 ans en moyenne. Les soignants sont aussi en contact avec des plus jeunes et des gens très âgés à qui sont proposés des soins conservateurs, des personnes pour qui des soins itératifs en établissement de santé sont une contrainte trop lourde. « Ils ont besoin de réassurance grâce au suivi à domicile, à l’éducation thérapeutique. Nous sommes engagés dans une personnalisation des projets de soins. Nous faisons en sorte que les patients soient davantage acteurs de leurs traitements car plus ils le sont, plus ils sont contents », affirme Philippe Zaoui.

Le métier a aussi beaucoup changé ces dernières années grâce aux nouvelles technologies. « La télésurveillance permet par exemple d’avoir un œil depuis Grenoble sur des patients à Moutiers distants de plus de 100 km avec une balance et des outils connectés », illustre le néphrologue. Surtout, le modèle ni public ni privé de Reinomed, auquel appartient l’AGDUC, est une force aux yeux du médecin. « Notre statut d’établissement privé à but non lucratif, nous permet d’être réactifs et de faire évoluer nos pratiques, de mener une économie solidaire et sociale. »

 L’AGDUC propose quatre modalités de dialyse : la dialyse à domicile (hémodialyse ou péritonéale) choisie par 15% de patients, la dialyse allégée en centre dans de petites unités (de 6 à 8 postes avec une infirmière) pour laquelle ont opté 15% de patients, des unités de dialyse médicalisée hors de l’hôpital et plus proches du domicile (avec une visite médicale une fois par semaine), qui concerne 35% des malades, ou la dialyse conventionnelle dans un centre associé au plateau technique hospitalier pour les patients lourds (35%). Du lundi au samedi, les gens sont dialysés trois fois par semaine en moyenne 4h de 6h30 à 18h30. Quelques personnes réalisent leur dialyse en soirée.

« Souvent les patients craignent le côté intrusif du traitement dans leur vie et leur quotidien. Il est important qu’ils participent au choix de la méthode de traitement la plus adéquate ». Pour cela, l’Agduc a mis en place des unités d’accueil et d’orientation (UAO) pour les patients qui démarrent des traitements de suppléance afin qu’ils s’adaptent à ce rythme de vie pendant 4 à 8 semaines et puissent voir quelle prise en charge est la plus adaptée à eux.