Responsable logistique
"Nous essayons de prendre le moins de place possible"
A 49 ans, Alain Quiquet, responsable logistique du service dialyse de Santélys, association à but non lucratif membre de ReinOmed, qui prend en charge des patients insuffisants rénaux dans les Hauts-de-France, a parcouru du chemin. Arrivé à Santélys en 2008, il a d’abord été chauffeur livreur, avant d’occuper le poste d’assistant logistique puis de devenir responsable logistique en 2014. Sous la responsabilité d’une pharmacienne, et à la tête d’une équipe de 2 assistants, 4 magasiniers et 7 chauffeurs, il est en charge d’assurer la livraison du matériel et des traitements des patients à domicile et des unités de dialyse dans tous les Hauts-de-France. C’est depuis l’entrepôt de 1100 m² de Loos-Les-Lille –où peuvent être stockées 800 palettes sur des racks disposés jusqu’à 8 mètres de hauteur– que partent les traitements des patients insuffisants rénaux de la région.
« Nous gérons environ 1600 patients dont 1400 répartis dans les 34 unités de dialyse et 200 à domicile. La maintenance est assurée par le service biomédical, moi, je gère la logistique pure d’approvisionnement de matériel et produits de santé, notre contrainte est de livrer du volume et du poids comme des poches de dialyse, poches à base d’eau et de différents éléments comme le calcium et le potassium, qui s’apparentent à des poches de perfusion. » Le traitement des insuffisants rénaux chroniques est volumineux et représente entre 200 et 900 kilos de matériel par mois et par patient (pour l’hémodialyse quotidienne à domicile). Cela nécessite de livrer une à deux fois par mois les unités de dialyse, selon leur capacité de stockage. Les livraisons chez les patients sont généralement mensuelles mais elles peuvent avoir lieu deux fois par mois voire être hebdomadaires si le patient dispose de peu de place chez lui. « Chez les personnes qui ont un petit logement, on essaie de faire en sorte de prendre le moins de place possible, décrit Alain Quiquet. Notre démarche est de préserver le patient. Une semaine de traitement peut représenter une vingtaine de cartons. Il faut aussi parfois livrer des machines comme des générateurs de dialyse qui pèsent une centaine de kilos. Il nous arrive de faire appel à des déménageurs quand nous devons l’installer à l’étage d’un logement sans ascenseur ».
Le chauffeur est chargé de ranger correctement le matériel chez le patient en tenant compte du FIFO, first in, first out, c’est-à-dire de la bonne rotation des stocks en fonction des dates de péremption. Quand le chauffeur les a livrés, les patients se livrent eux aussi. « Nous prenons le temps d’échanger avec eux, précise Alain Quiquet. Certains ont besoin de parler et la livraison est un moment d’échange. Nous avons à l’esprit que quand le matériel arrive chez lui, c’est aussi la maladie qui débarque dans sa maison. »
Pour assurer les tournées, l’équipe logistique de Santélys dispose d’une flotte de véhicules de plusieurs gabarits. Deux poids lourds de 12 et 19 tonnes permettent de transporter 20 palettes dans les unités de dialyse. Deux petits camions de sept tonnes peuvent livrer six palettes dans un rayon de 100 kilomètres. Enfin, quatre utilitaires servent à transporter quatre palettes dans des tournées les plus éloignées. « Nous n’utilisons pas tous les véhicules tous les jours mais ils nous permettent de répondre à toutes les contraintes de livraison. » Car la logistique requiert de l’organisation et ne supporte pas l’improvisation. « Nous livrons cinq jours par semaine, et réalisons cinq tournées quotidiennes : chaque jour, nous adressons huit tonnes pour les unités de dialyse et trois tonnes pour les patients à domicile, explique Alain. Nous gérons notre planning de livraison grâce à un logiciel métier qui permet d’intégrer les patients dans les tournées en fonction de leur secteur pour optimiser les trajets ».
Les tournées de livraison sont donc anticipées. « Notre journée commence à 7h le matin, nous effectuons le chargement des véhicules de 7h00 à 8h00, puis on commence les réceptions des fournisseurs et la préparation du matériel à acheminer deux jours avant la livraison pour avoir toujours un temps d’avance, et avoir le temps de nous réorganiser en cas d’absence dans l’équipe », poursuit Alain.
Le service logistique aide aussi les patients qui ont un traitement à domicile à gérer leur approvisionnement quand ils partent en congés. Car la maladie, elle, ne prend pas de vacances. « Nous faisons livrer du matériel avec des partenaires partout en France en fonction du lieu de villégiature », détaille Alain Quiquet, selon qui « le sens du service » et la satisfaction des patients sont au cœur des valeurs de Santélys. Le responsable logistique est très fier de travailler dans cette structure à but non lucratif qui lui a donné la possibilité d’évoluer. « Cela a donné un véritable sens à mon parcours professionnel, confie-t-il. J’ai moi-même fait évoluer des salariés de mon équipe. C’est très valorisant de travailler dans cet environnement. »